mardi 2 avril 2013


CONFERENCE D’ANNIE SUQUET
 à l’occasion de la parution de « l’éveil de la modernité, une histoire culturelle de la danse, 1870-1945 »


Voici une présentation du dernier livre d’Annie Suquet à travers les prises de notes de la conférence qu’elle a donné dans le cadre du cours de Claudia Palazolo, pour les amateurs de danse et tout ceux qui voudrait en savoir plus, un livre plutôt accessible.

Présentation de l’auteur

Historienne de la danse, Annie Suquet a été chercheuse en résidence à la Merce Cunningham Dance Foundation à New York pendant plusieurs années. Depuis 2001, elle travaille comme enseignante et conférencière pour diverses structures culturelles et pédagogiques, en France (Centre national de la danse, Université Paris-VIII...) et en Suisse (École des Beaux-arts, Université de Genève, Fondation Fluxum...). Membre du comité de rédaction de la revue Repères, cahier de danse, elle a aussi publié : « Le corps dansant : un laboratoire de la perception », in Histoire du corps, t. III, dir. Jean-Jacques Courtine, Alain Corbin et Georges Vigarello (Seuil, 2006) ; Chaque petit mouvement, traduction de l’américain, préfacée et annotée de Every Little Movement de Ted Shawn (Complexe/CND, 2006) ; Chopinot (Cénomane, 2010).


Présentation du livre

La saison 2012 / 2013 voit naître une nouvelle collection, « Histoires », destinée à accueillir des livres offrant un panorama documenté d'une grande période historique ou d'un grand thème de l'histoire de la danse.
Premier volume de cette collection, L'Éveil des modernités : une histoire culturelle de la danse (1870-1945) d'Annie Suquet paraîtra le 23 août 2012. Il sera suivi d'un volume consacré Aux origines du ballet (1515-1715) de Nathalie Lecomte.

Entre 1870 et 1945, avec l’essor des villes et l’évolution des mœurs, de nouvelles formes de spectacle apparaissent en Occident et, avec elles, de nouvelles visions du corps dansant, multiples et parfois contradictoires. Certains danseurs, captivés par le modernisme technologique, rêvent d’une hybridation du corps avec la machine. Pour d’autres, l’enjeu est de redécouvrir l’aptitude au mouvement naturel et les pulsions vitales, mises à mal par la vie moderne. D’autres encore puisent une inspiration libératrice dans les danses exotiques ou l’exemple des « peuples primitifs ». Mais à New York comme à Paris, Berlin ou Moscou, la danse doit aussi répondre de son rôle politique, social et culturel face à la crise économique et la montée des totalitarismes. Chorégraphes, interprètes et pédagogues, tous ont conscience d’œuvrer à une époque de ruptures et d’avoir à situer leur démarche créative par rapport aux bouleversements et violences de leur temps.
C’est le récit de cette histoire complexe et passionnante que propose cet ouvrage. À partir des acquis les plus récents de la recherche internationale en danse, il situe l’émergence des œuvres – comme des démarches et des théories qui les animent – dans leur contexte culturel et leur environnement social, tout en croisant l’étude des pratiques corporelles avec l’analyse des enjeux, tant esthétiques que politiques, d’un art en mutation.

Présentation par l’auteur lors de la conférence

En écrivant ce livre, Annie Suquet voulait à tout prix éviter de faire une histoire de la danse en circuit fermé, avec l’histoire des stars et des grandes personnalités et de faire une histoire de la danse qui compartimente les genres
Un des objectifs que l’auteure avait en écrivant ce livre est le suivant: remettre l’histoire dans la danse dans contexte. Elle a voulu absolument éviter de compartimenter les genres et est contre le mythe de la rupture danse moderne/classique.
Le but était de transmettre la richesse de l’histoire de la danse. Pour cela elle utilise une approche thématique. Il en est ressorti 3 thématiques :
-la réaction des danseurs à la vie moderne
-la fascination des ailleurs (exotiques ou primitifs)
-les réactions des danseurs face aux événements politiques

« Ecrire l’histoire, c’est écrire une histoire, ce livre n’est qu’un des récits qu’il est possible de construire. »

1)     La réaction des danseurs à la vie moderne
Les danseurs de la fin du XIXeme avaient conscience d’œuvrer à une époque de mutation (accélération industrialisation,  touche spectacle, nouveau mode de production, mouvement lié à la croissance urbaine, naissance de mégalopoles). Ils étaient comme des étrangers dans les villes où ils vivaient. L’essor des nouvelles déchronologies (électricité, téléphonie, télégraphie) bouleverse les repères sensoriels et corporels. Avec le perfectionnement du train, des auto, du tram, du métro apparait un sentiment d’intrusion de la machine dans la vie.
Cela conduit à deux types de réactions :
-forme d’adhésion enthousiaste : rêve de forme d’hybridation du corps avec machine « ballets mécaniques », transcendance de l’homme par machine (cf Marinetti). Apparait un mythe Homme nouveau et l’idée d’une dématérialisation possible du corps ou un rejet épouvanté

2)     La fascination des ailleurs
L’industrialisation et la technologie altèrent les ressources physiques et psychologiques. Il y a un fantasme de retour aux origines : antiquité grecque cf Isadora Duncan, filtrée par lecture de Nietzsche.
On retrouve aussi une fascination pour les cultures exotiques comme les cultures de l’Asie (indienne, jap, javanaise). En effet ce sont des formes chargées d’un pouvoir rituel, faisant sens pour communauté, elles sont perçues comme des danses de l’ailleurs ouvrant accès à vitalité originelle perdue.
Le primitif fait aussi fantasmer : danse des peules « sauvages » comme les peuplades africaines, jazz perçu comme expression primitive, indiens d’Amérique n’ayant pas perdu liens avec les forces de la nature, la sexualité libre, et la force du corps.
3) Les réactions des danseurs face aux événements politiques
La politique se répercute dans la vie et les œuvres des danseurs. La siècle a connu des événements d’une violence inouïe « ère des catastrophes » :révolution russes de 1917, les deux guerres mondiales.
Après 1917, la survie du ballet est menacée. Il pouvait etre perçu comme un vestige bourgeois ou une possibilité d’évolution en art prolétaire (actualiser thème cf travail en usine). A l’époque à lieu une grande diasporisation de la danse classique russe.
On note une effervescence expérimentale chez les danseurs modernes : danses de masse, scénisation de masse visant à mobiliser grands nombres d’amateurs au service de la conscience pol des prolétaires, agit-prop (réprimés par stalinisme).
La crise de 29 et la grande dépression a impact sur les danseurs (chômage, misère, faim. Communauté sdf parmi les danseurs.).
         L’approche d’Annie Suquet permet d’aborder la diversité avec tout de même des lignes de force. Et cela sans prétendre à être exhaustive, car elle considère son livre comme un ouvrage de synthèse et état des lieux.
         Une autre préoccupation constante de l’auteur a été de faire apparaitre le corps, absent des histoires de la danse, de comprendre comment ça bougeait dans telle ou telle mouvance de l’œuvre.
Elle explique son choix chronologique car 1970 constitue l’époque de l’émergence du divertissement de masse, et en 1945 avec l’instauration guerre froide qui suit et amène la fin de la circulation des danseurs.


Amal Kebaïer

1 commentaire:

  1. Merci de l'avoir publié (même si il date mais c'est compliqué de se débrouiller pour tenir un blog pour une option entière^^)

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